lieu : Le Zotte Morgen
adresse : 32 rue de la grande île, Bruxelles

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"Guerre contre le virus" ou guerre sociale ?

Avons-nous vécu une « guerre contre un virus » ? Ou y a-t-il eu plutôt continuité d’une guerre sociale, d’une guerre de classe, contre notre santé, et pour la bonne santé du capitalisme ? Peut-on séparer les maladies des conditions sociales dans lesquelles elles se développent (et seront dangereuses ou pas) ainsi que des politiques sanitaires qui prétendent les combattre ? Avons-nous vécu une « crise sanitaire », ou vivons-nous dans une société marchande en crise dans laquelle un virus, trafiqué ou pas, devient l’occasion d’une gigantesque mise au pas planétaire ?

Notre état de santé (et immunitaire) a-t-il été atteint ou son indigence révélée au grand jour ? De même pour notre perte d’autonomie, en termes de survie matérielle, de lutte collective et de pensée critique sur toutes ces questions… Ce qui est indûment nommé « système de santé » est-il seulement un lieu de marchandisation, de pression sur le travail et de réduction des coûts, ou plus fondamentalement le lieu du monopole banal de la violence médicale ?

Ce que nous avons vécu, c’est que l’humiliante mise au pas des corps, au nom de la solidarité et de la protection des personnes désignées comme vulnérables, s’est doublée d’une mise au pas de toute velléité de critique, par musellement et censure décomplexée mais également par la mise en place d’un vaste cirque idéologique polarisé en deux vastes fronts, celui des « pros » et celui des « antis ».

Ce qui a pu apparaître comme une occasion de défendre des vérités, et même révolutionnaires, contre le mensonge d’Etat et sa fabrique du consentement par la peur, s’est aussi constitué comme marécageux terrain de prédilection pour tous les opportunismes politiciens, de gauche comme de droite.
Les diverses expressions de la critique radicale n’ont survécu à ces deux années qu’en refusant de se positionner sur ce terrain, de rallier ces fronts.
Depuis 2020, selon les endroits du globe, les mouvements d’opposition et de révolte qui a battu le pavé –et l’ont souvent lancé vers qui de droit– ont pris des formes et des contenus très différents, selon qu’ils s’agissait de reprendre le flambeau des luttes qui avait été étouffées sous état d’urgence sanitaire (comme au Chili, au Liban…), de manifestations « anti-pass » très hétérogènes, ou encore d’affrontements et de révoltes explicitement sociales ayant explosé à la faveur de l’imposition du pass sanitaire comme la goutte de vase qui a fait déborder la coupe de merde (comme à Trieste en Italie, aux Antilles et en particulier en Guadeloupe).

Que tirer de tout cela en termes de lutte contre ce qui nous rend fondamentalement malade : le capitalisme, la société marchande et industrielle… ?


publié le 3 mars 2022