Participer à une manifestation pour réclamer un refinancement du système de santé vous expose au risque de vous faire nasser, arrêter, tabasser et/ou gazer par les forces de l’ordre
Le contexte de la violence dans les rues de Bruxelles dimanche 13 septembre 2020 est la grande manifestation de la Santé à l’appel du Collectif La santé en lutte. 7000 personnes se sont rassemblées pour exprimer leurs revendications malgré les difficultés pour obtenir l’accord du bourgmestre de Bruxelles. Ce rassemblement tant du personnel soignant que de collectifs et de groupes de soutien comptait donc une grande variété de personnes, jeunes, moins jeunes, enfants, bébés, valides, moins valides, habitués de manifestations ou non.
Malgré un déploiement policier impressionnant, casqué, bouclier et matraque au poing, la foule était restée calme, voire résignée devant l’interdiction de se déplacer. Soudain, lorsqu’une grande partie des manifestant.e.s s’apprêtaient à quitter les lieux, une escouade de policiers en tenue de combat, dirigés par un chef vociférant pour les faire avancer au galop déboule, provoquant outre l’effarement un vent de panique parmi les personnes sur leur chemin.
Plus haut, rue de la Régence et au Mont des Arts un nassage de personnes présentes sur les lieux se met en place sans sommation, sans raison apparente, un déploiement de force stérile de la part de la police. Il est à noter que suite à des danses effectuées de manière rapprochée des robocops en ligne, le tout sur fond de percussions, les gens envahissent graduellement l’espace et les policiers sont ordonnés de partir. Cet occupation policière s’est donc terminée, mais dans d’autres lieux, pas loin, la violence policière fait rage. Un peu plus loin, moins vu, moins connu.
Voici deux témoignages dont nous avons connaissance parmi tant d’autres et quelques extraits révélateurs ci-après.
Un monsieur raconte : […] Je reprends ma marche qui n’aura été que de courte durée puisque moins d’une minute plus tard je me remets à courir lorsque je vois les policiers empêcher les gens des passer à la hauteur des Jardins. Je flippe, je me répète « je ne veux pas me faire arrêter à nouveau » et je tente de m’écarter le plus possible de ce climat.
J’arrive rue de la Régence où je vois le commissaire V.1 interpeller deux hommes et les gazer à proche distance.
L’un d’eux crie « Au secours ! » […] les gens présents sur mon trottoir prennent panique et certains courent vers les Jardins des Sculptures. Le commissaire bloque l’entrée et gaze tout le monde en ricanant et disant « Hop hop non non pas par-là ».2
Quelques secondes plus tard, je suis écrasé contre les barrières et les forces de l’ordre nous encercle et nous hurlent dessus […] Une jeune fille se fait empoigner, étrangler et mobiliser par trois à quatre policiers pendant que d’autres continuent à nous hurler dessus et nous obligeant à ne pas regarder « Retournez-vous ! Retournez-vous j’ai dit ! » Une jeune fille pleure dû à la violence de l’atmosphère. »
Une dame raconte :
« Il fait beau pour cette manif. […] J’y vais avec mon fils d’un an, en porte-bébé. […] L’espace étant limité, les gens commencent à se disperser devant le Mont des Art, nous on fait une petite pause sur es marches pour le goûter de bébé.
D’un coup, des gens courent à côté de nous. « Attention, la police ». Ha bon ? Je range rapidement les affaires et on constate que la police commençait à nous encercler… Pourquoi ? Pourtant l’ambiance était tranquille, la manifestation autorisée, nous respections des règles de distance physique… On ne comprend pas. […]
On oublie le goûter, bébé un barrage nous empêche également de passer par là [rue de la Régence, NDLR]. Il ne reste que la rue de la régence. On ne comprend pas bien ces barrages qui bloquent la circulation, le passage des transports en commun, des piétons. rien n’indique des troubles dans ce quartier ? Tout le monde marche tranquillement.
Sur notre trottoir, on y croise le commissaire V.1 Une personne lui demande pourquoi il arrête ces deux personnes. Il lui répond, en criant : « Je ne les arrête pas, je vérifie leur identité, d’ailleurs, je vais faire de même avec vous ». Il se met également à crier sur des gens du trottoir d’en face qui regardaient. […] Il a gazé, à quelques centimètres du visage2 une des deux personnes arrêtées. Devant mes yeux.
QUOI ?! Cette personne n’avait rien dit. Rien fait. Elle n’a même pas réagi au gaz. Il l’a fait en étant de côté, pas devant. Pour qu’on le voit bien ? Les protestations se sont fait entendre et je jure avoir vu un sourire de satisfaction sur son visage.
On s’éloigne, mais pas trop. On voit un mec et puis une femme se faire frapper. Pas « calmer ». Frapper. C’est autorisé, ça ? Une personne pleure devant cette violence.
Finalement je m’en vais. J’ai du mal à croire que c’est réel, pourtant ce n’est pas la première fois. En Belgique. Et ça m’hallucine. complètement. J’ai peur car c’est devenu banal. Ça ne peut pas devenir banal. C’est de la violence policière. »
Outre ces deux témoignages révélateurs l’équipe des Street-Medic Brussels donne également son rapport :
Six blessé.es graves hospitalisé.es
une centaine de manifestant.es gazé.es dont une grenade lacrymo lancée,
plusieurs arrestations sans motifs (dont trois judiciaires)
une plaie grave à la tête (matraque)
deux doigts fracturés
deux doigts fracturés
des côtes cassées
deux personnes qui ont pris des coups de bottines renforcées dans les tibias
des manifestants traumatisés par ces méthodes à l’américaine
Nous rappelons que le droit de manifester est constitutionnel et même si le sujet dérange les gouvernant.e.s il est inacceptable qu’ils lancent leurs forces de l’ordre dans la foule se laissant aller à toute la violence dont elles sont coutumières.
Par ailleurs, si vous aussi vous avez été victime de cette brutalité cynique, ou témoin de violences envers des co-manifestants, TÉMOIGNEZ SUR NOTRE SITE !
https://obspol.be/temoigner}
Parce qu’il faut que toutes les agressions illégitimes des flics soient répertoriées, décortiquées, analysées, et que l’on puisse démontrer la récurrence de ces pratiques abusives !
Parce qu’il faut que les prochaines victimes puissent lilre ces témoignages pour comprendre que ce qu’elles auront subi n’est pas une pratique isolée, qu’il ne s’agit pas de quelques « pommes pourries » chez les flics mais bien de la dérive d’un système malade !
[Sources : La Santé en lutte, leur FB, Street Medic Brussels FB, vos témoignages]
https://obspol.be/actualite#Actu_200918_ManifSanteEnLutte
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