Malgré l’avis favorable de la Commune de Molenbeek et de la Commission Royale des Monuments et des Sites, le gouvernement régional a décidé de ne pas entamer la procédure de classement de l’avenue du Port demandée par l’asbl Bruxelles-Fabriques. Ce refus ne remet pas en cause la qualité patrimoniale de l’avenue, mais l’aménagement ne serait pas en adéquation avec le rôle actuel de l’avenue et la densité du trafic. L’association a donc porté l’affaire devant le Conseil d’État...
L’avenue fut conçue en 1903 pour desservir le site de Tour et Taxis ainsi que les autres activités industrielles le long du canal.
La demande visant à entamer une procédure de classement de l’avenue pavée et bordée de 300 platanes et fut déposée par l’asbl Bruxelles-Fabriques début 2014. La Commission Royale des Monuments et Sites a remis un avis très positif, considérant que la demande était justifiée « en raison du rôle identitaire exceptionnel que joue l’avenue du Port à l’échelle régionale et pour les Bruxellois, en particulier au niveau du Quartier Maritime de Bruxelles, eu égard à son intérêt historique, urbanistique esthétique et technique ». La commune de Molenbeek a aussi remis un avis favorable sur cette demande.
Le gouvernement régional a décidé en octobre de ne pas entamer de procédure de classement, procédure qui implique un examen approfondi sans obligation d’aboutir nécessairement à une mesure de protection. Le refus du gouvernement n’a toutefois rien à voir avec la qualité patrimoniale de l’avenue, qu’il ne remet d’ailleurs pas en cause. Il considère que l’aménagement ne serait pas en adéquation avec le rôle actuel de l’avenue et la densité du trafic, que la rénovation en profondeur nécessiterait des moyens techniques et un savoir-faire indisponibles à Bruxelles (sic) et coûterait trop cher. Le gouvernement prévoit cependant que pendant 5 ans, tout permis délivré pour le réaménagement de l’avenue devra contenir un alignement régulier d’arbres de première grandeur. Il prévoit aussi que les pavés seront récupérés pour être replacés à Bruxelles, de préférence sur le site même, dans la zone de Tour et Taxis ou dans la zone portuaire.
L’asbl Bruxelles-Fabriques est fort déçue du peu de cas qu’à fait le gouvernement régional de l’intérêt patrimonial de l’avenue du Port. Elle a donc porté l’affaire devant le Conseil d’État... Elle veut que le patrimoine soit réellement pris en considération, plutôt qu’uniquement des considérations économiques ou de « densité de trafic ».
La CRMS signale que l’avenue est l’une des voiries les plus résistantes qui aient été réalisées à Bruxelles. Les pavés en porphyres sont inusables ! Tandis que les autres voiries, par exemple en asphalte ont été renouvelées 2 ou 3 fois durant les quarante dernières années, l’avenue du Port qui a connu un charroi très lourd n’a jamais été rénovée. Pour la CRMS, « à l’heure où la Région s’engage dans la voie du développement durable, elle doit s’attacher à conserver l’avenue du Port un revêtement qualitatif et durable, produit dans les carrières belges, dont la matière est aujourd’hui devenue rare et recherchée, et qui se signale de surcroît comme un élément identitaire très fort au niveau régional ».
Les voitures sur les pavés cela fait du bruit… Oui, mais pas si on réduit la vitesse. Les habitants ont fait le test : rouler à 30 km/h sur une avenue pavée ne fait pas plus de bruit que de rouler à 50 km/h sur une voirie asphaltée. Par ailleurs, s’il est vrai que la Région entend densifier le quartier et y apporter une mixité de fonctions, en y introduisant notamment du logement sur le site de Tour et Taxis, elle s’est aussi aussi donné pour objectif de réduire le trafic automobile de 20% d’ici 2018 par rapport à 2001 (objectif principal du Plan Iris 2).
Rappelons qu’en 2011, alors que la Région était sur le point de bétonner l’avenue du Port et d’abattre l’alignement de 300 platanes, les habitants se sont mobilisés pour préserver l’avenue. Une pétition avait alors recueilli 11 000 signatures. Le permis d’urbanisme, illégal, fut finalement annulé par le Président du Tribunal de Première Instance.
Aujourd’hui, le gouvernement bruxellois n’a pas renoncé à asphalter l’avenue, une demande de permis d’urbanisme est actuellement en cours d’instruction. Les platanes seront quant à eux remplacés par un « alignement régulier d’arbres de première grandeur ».
À suivre...
http://www.ieb.be/Classement-de-l-avenue-du-Port-la
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