En un peu moins de deux ans, le nombre des migrants présent sur la commune de Calais a été multiplié par dix. L’unique bidonville d’état, qui a remplacé à sept kilomètres du centre les différents camps et squats au printemps dernier, a atteint jusqu’à six mille habitants à l’automne. Depuis début juin, la moyenne est pratiquement d’un décès par semaine, la zone portuaire et les voies d’accès sont désormais hérissées de barrières et tout contact est coupé entre la population calaisienne et les candidats au passage vers l’Angleterre. À ces derniers s’ajoute une population d’exilés qui s’installent dans le camp car c’est l’un des rares lieux où ils sont « tolérés » sur le territoire français, sans même le désir de passer la frontière. Pour ces délaissés du « pays des droits de l’homme », aucun état d’urgence n’a été déclaré.
Battre la mort en vie
Adam s’interrompt et me regarde angoissé. « On m’a dit ici que l’hiver il fait si froid que les feuilles et les branches tombent, que les arbres se mettent à pleurer, et qu’ils deviennent blancs, comme la neige. Est-ce que ma peau aussi va